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Découvrez Crater Lake, Oregon


Voici le payasage que découvre Livia lorsque William l'initie à sa passion pour le canyoning. Un petit extrait rien que pour vous !

Nous restâmes silencieux jusqu’à notre arrivée à Godfrey Glen. William gara la voiture sur un terrain qui faisait office de parking. Les vacances de printemps n’étaient pas encore terminées et nous n’étions pas les seuls à avoir eu envie de profiter de cette journée ensoleillée.

Il attrapa de son coffre un gros sac d’où il sortit le parfait nécessaire de canyoning : combinaisons, chaussures, casques, lunettes, cordes, baudriers et piolets. Il me tendit une des combinaisons, de petite taille. Devant mon air inquisiteur, il m’indiqua qu’elle avait appartenue à sa mère, ce qui me fit culpabiliser aussitôt. Il allait falloir que je cesse d’être aussi jalouse.

Il désigna ensuite un gros rocher pour que je puisse me cacher pour enfiler mon maillot de bain. Je pris le tout avec moi de manière à ne pas me retrouver en bikini devant lui. Lorsque je l’eus rejoint, il n’avait pas fini d’enfiler la sienne, ce qui m’offrit le spectacle de son torse sec et musclé. Ce que je vis en m’approchant davantage me glaça le sang. Une multitude de cicatrices anciennes y étaient dispersées, témoins des sévices qu’il avait dû subir lors de sa détention. Je me souvins qu’il avait évoqué le fait d’avoir été torturé, la veille, or la torture laissait nécessairement des stigmates. Il surprit mon regard et se hâta de se couvrir. Il avait honte de ces traces sur son corps alors que j’aurais tout donné pour qu’il me laissât les embrasser, comme si mes baisers auraient eu le pouvoir de les effacer. Non parce que je les trouvais laides mais parce qu’elles signifiaient qu’on l’avait fait atrocement souffrir et que je n’en supportais pas l’idée.

— Tu es prête ?

— Je ne peux plus reculer de toute façon…

— Tu vas voir, tu vas adorer, j’en suis convaincu.

Après s’être assuré que mon casque était correctement ajusté, il entreprit de me transmettre toutes les consignes de sécurité. Il était un peu tôt dans la saison et le débit de l’eau risquait d’être important, ce qui nécessiterait d’utiliser les cordes là où une descente en toboggan aurait pu être envisagée quelques mois plus tard. Il m’expliqua comment fonctionnait le baudrier ainsi que les techniques de cordes et de frein. Je commençais à appréhender un peu tout en étant excitée, aidée par l’afflux d’adrénaline dans mon sang. Puis William insista sur le fait de ne prendre aucune initiative et de suivre à la lettre ses instructions. Pour les descentes en toboggan, il me faudrait placer mes bras en croix sur ma poitrine. Quant aux sauts, je devrais garder les jambes jointes et légèrement fléchies.

Nous commençâmes le parcours. Le site était de toute beauté. Il s'agissait d'une zone de prairies extensives, dominant des formations rocheuses et de nombreux canyons. Nous nous dirigeâmes vers Munson Creek jusqu’à un étroit canyon . Comme il l’avait prévu, le courant était fort. Il y avait trois petites chutes rapprochées. Les deux premières étaient d'environ deux mètres. Nous les descendîmes en rappel à partir d'un petit arbre. J’étais tentée de les sauter mais il me l’interdit, l’eau n’étant pas assez profonde. La troisième chute, appelée Duwee Falls, était d’avantage impressionnante. Elle faisait près de cinq mètres et il me fallut réunir tout mon courage pour suivre William qui évoluait avec une fluidité déconcertante. En aval du canyon, le ruisseau s’élargissait et descendait en pente raide sur de petits rochers. William me désigna de part et d’autre du canyon des cheminées de fée, colonnes naturelles constituées de strates de roches aux formes aussi imprévisibles que magnifiques. Nous suivîmes ensuite Munson Creek jusqu'au confluent avec Annie Creek. Il y avait deux autres petits canyons, immédiatement au nord. Il s’agissait de canyons secs que nous dûmes également descendre en rappel.

Nous avancions depuis près de trois heures quand nous fûmes interrompus par un vrombissement infernal. Il s’agissait d’un hélicoptère venu au secours de randonneurs plus avancés que nous. J’étais de plus en plus tendue, que m’attendait-il plus loin ?

A peine avions-nous repris notre progression que j’eus enfin droit à mon premier toboggan. Il était assez raide et terriblement haut. William qui était descendu le premier après m’avoir invitée à observer comment il allait procéder, m’encouragea. Je n’arrivais pas à me décider, en proie au vertige. Sans la corde pour m’assurer, je me sentais si vulnérable.

— Aller Livia ! Tu peux le faire !

— Je ne sais pas, William…

— Je te rattraperai, fais-moi confiance, hurla-t-il pour que je l’entende.

Je n’aimais pas être prisonnière de mes peurs. William avait exécuté cette descente sans encombre. Il n’y avait aucune raison que cela se passe mal. Aucune raison rationnelle, mais, quand il s’agit de vertige, le rationnel n’a plus court. William continuait à m’encourager, patiemment et je commençais à me sentir vraiment idiote. Je détestais l’idée qu’il puisse me prendre pour une poltronne. Je voulais qu’il me trouve courageuse. Alors, je pris mon courage à deux mains et me laissai glisser non sans laisser échapper un cri de frayeur.

William me rattrapa comme prévu bien que cela ne fusse pas nécessaire. Pendant un court instant nos corps furent enlacés dans l’eau, nos visages à quelques centimètres l’un de l’autre, et, malgré l’épaisseur de nos combinaisons, je ressentis son contact comme une intense mais néanmoins très agréable brûlure. William réinstalla aussitôt la distance nécessaire pour éviter tout dérapage. Je levai la tête pour regarder le haut du canyon que je venais de dévaler à toute allure et fus un peu déçue. D’en bas, cela n’avait plus du tout l’air aussi haut. Histoire de perspectives avait répondu William.

© 2015 JB2S

Crédits photo : © srongkrod - Fotolia.com

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